Au Sénégal, l’engagement pris par Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko lors de leur campagne électorale concernant la mise en œuvre d’appels à candidatures pour certains postes de haute fonction publique et parapublique semble faire face à des obstacles significatifs. le programme de campagne, nommé « le projet », promettait de « consacrer l’appel à candidature pour certains emplois de la haute fonction publique et du secteur parapublic et normaliser les recrutements civils et militaires par le recours exclusif au concours qui garantit l’égalité des chances à tous les citoyens. »
Après leur élection, lors du Conseil des ministres du 17 avril 2024, le nouveau président de la République, Bassirou Diomaye Faye, a chargé le Premier Ministre, Ousmane Sonko, de préparer un décret en ce sens. Cependant, avant cette formalisation, 17 postes de directeur général avaient déjà été pourvus sans appel à candidature.
Cette démarche a suscité des critiques, notamment de la part de Seydi Gassama, directeur exécutif d’Amnesty International Sénégal, qui a exprimé des doutes sur le réalisme de cette promesse. Dans une interview accordée à Senegal7, il a déclaré : « Je pense qu’il ne peut y avoir d’appel d’offre. C’est une promesse qui avait été faite. Mais ce n’était pas réaliste ». Seydi Gassama a également suggéré que les dirigeants des entreprises publiques devraient être tenus à l’écart de la politique.
Le débat public souligne également les risques potentiels de partialité dans le processus de sélection basé sur le CV, favorisant ceux qui ont déjà occupé des postes importants ou qui ont bénéficié d’une éducation supérieure, comme l’a souligné le journaliste Adama Gaye. D’autre part, certains citoyens craignent que des opposants politiques ne profitent de ce système pour infiltrer l’administration et agir contre les intérêts du régime actuel.
Il est important de noter que les autorités n’ont jamais affirmé que tous les postes seraient soumis à un appel à candidature, mais seulement certains, laissant une marge de manoeuvre sur la sélection des autres postes.
Outre les préoccupations soulevées, il y a la perte considérable de temps nécessaire pour examiner les nombreux CV qui seront soumis par les Sénégalais entre le lancement de l’appel d’offres et la sélection des candidatures. Les entretiens, les enquêtes de moralité et autres vérifications pourraient prendre au moins trois mois avant de pouvoir trouver un seul directeur général. Si les autorités souhaitent tenir leur promesse coûte que coûte, en réalisant cette promesse électorale, elles devront prendre en compte tous ces obstacles ainsi que les craintes exprimées par de nombreux observateurs.