La lettre du chef de l’état, Bassirou Diomaye Faye alimente des joutes oratoires. Dans certains cercles fermés d’intellectuels comme le groupe WhatsApp « RASA/Sénégal », elle est disséquée et analysée sous diverses coutures. En revanche, la grande majorité apprécie positivement tout en estimant qu’en tant que président de la République, il aurait pu être plus ferme et clair sur le plan temporel.
« Je dirais une lettre de plus et sa forme (épistolaire) rend sceptique sur son efficacité. Le Président de la République BDDF doit prendre conscience qu’il est effectivement au pouvoir et qu’il dispose de tous les leviers décisionnels », a commenté le professeur Cheikh Faye de l’université du Québec à Chicoutimi (UQAC).
Pr. Cheikh Faye de l’université de Chicoutimi s’attendait à plus de concret et de fermeté
Imam Ismaela Ndiaye de relativiser: « Oui, plus de fermeté et d’autorité dans le discours. peut-être la démarche est graduelle ».
Mais Pr. Cheikh Faye ne s’en est pas limité là. Il a ainsi étayé ses propos via des exemples très précis. « A la place du rappel de «l’exigence d’un comportement éthique et déontologique», j’aurais voulu entendre ou voir qu’il dise ou qu’il fasse : pour donner l’exemple, j’ai exigé à tous les ministres, que je viens de nommer, de déclarer tous les potentiels conflits d’intérêts auxquels ils pourraient être exposés (NB : plusieurs ministres pourraient exposés à de potentiels conflits d’intérêts !). Tout conflit d’intérêt avéré (matériellement établi) entrainerait un départ systématique du gouvernement », a suggéré le professeur de l’université de Chicoutimi de Québec. Avant d’embrayer : » À la place du rappel «la transparence n’est pas une option, mais une obligation» et «nous accordons une importance particulière à la protection des lanceurs d’alerte», j’aurais voulu entendre ou voir qu’il dise ou qu’il fasse : je soumettrais à l’AN, dans les 30 prochains un projet de loi portant sur l’Étique et la transparence dans la Fonction publique. Un autre projet de loi sur la protection des lanceurs d’alerte sera également soumis à l’AN pour adoption dans moins de 45 jours ».
Pr. Cheikh Faye s’attend a plus de concret et a, également, proposé: « à la place de l’invitation «à incarner pleinement les principes de Jub, Jubal et Jubanti» et j’aurais voulu entendre ou voir qu’il dise ou qu’il fasse : je réitère mon engagement de pourvoir certains postes de responsabilités à la suite d’un processus d’appel à candidatures. La liste des postes concernés sera communiquée dans 2 semaines et les processus lancés dans 8 semaines au plus tard. Pour tous les autres emplois, je veillerai personnellement à ce que les critères de probité et de compétence soient de rigueur ».
Lettre de Diomaye, une feuille de route pour son PM?
L’ancien ministre de la Culture sous Abdoulaye Wade (2000/2012), Amadou Tidiane Wane d’expliquer que c’est au Premier ministre, Ousmane Sonko de prendre la balle au rebond pour fixer toute ses attentes et exigences du chef de l’Etat en feuille de route. « Ne revient-il pas au Chef du Gouvernement d’assurer le service après vente des directives indiquées par le Chef de l’Etat ? Les lettres sectorielles seront plus précises. Plus contraignantes. Après la DPG… Enfin je pense… et espère ! Pressons le pas en douceur ! », a conseillé Amadou Tidiane Wane.
Des échanges qui ont amené Pr. Cheikh Faye à reconsidérer ses propos tout en insistant sur les gages que le président de la République devrait donner davantage. « Oui Excellence, tout à fait en phase ! Le Chef du gouvernement va être le maître d’oeuvre de tout cela. Mais, il est toujours rassurant que le PR, BDDF himself, donne des orientations délimitées dans un horizon temporel ». L’enseignant à l’université de Chicoutimi d’acquiescer: « D’accord, pour presser le pas en douceur, car Rome ne s’est pas fait en un seul jour. À nous de le pousser à presser le pas ».