Le Sénégal se dirige vers des élections cruciales en février 2024. Après deux mandats consécutifs à la tête du Sénégal, il est prêté à Macky Sall de vouloir se présenter pour une « troisième candidature » controversée. Cependant, le chef de l’Etat sénégalais n’a pas encore édifié l’opinion nationale et internationale sur ses réelles intentions, préférant jouer jusque-là sur les mots et les actes. En même temps, son principal opposant, le leader de Pastef est bien parti pour être un sérieux candidat au fauteuil présidentiel.
Pour cette raison, le « patriote » en chef accuse le président sénégalais de vouloir l’empêcher d’accéder à la magistrature suprême. Les deux camps sont depuis engagés dans un « mortal combat » auquel l’un des camps emploierait des moyens non conventionnels pour atteindre son but : c’est-à-dire rendre inéligible le « chef de l’opposition ».
Dans ce contexte, des partenaires traditionnels du Sénégal n’entendent pas surfer sur l’incertitude. C’est le cas de la France. L’hexagone opte pour l’anticipation en discutant avec tout le monde. C’est ainsi que le 23 mars, rapporte Lemonde.fr, Nadège Chouat a été reçue par le leader de Pastef. Durant cette audience entre la numéro deux de la cellule Afrique de l’Elysée et Ousmane Sonko, ce dernier aurait redéfini sa pensée vis-à-vis de ce qu’il aimerait faire des relations entre Dakar et Paris. Quelques mois plus tôt, l’ancien Inspecteur des Impôts a rencontré à Ziguinchor, ville du sud dont il est le maire, des agents des renseignements français. Des rencontres qui ne seraient pas du goût du pouvoir. Mais la France se prépare déjà à l’après 2024 et semble disposée à composer avec l’équipe à laquelle les Sénégalais accorderont leur confiance. Dans un contexte ouest africain hostile, Paris ne semble pas avoir le choix.
Arrivés au pouvoir en août 2020 avant de rectifier la transition moins d’un an plus tard, des colonels ont fait le choix de collaborer avec Moscou au détriment de Paris. Depuis, la force Barkhane a fait ses bagages pour se déployer en partie au Niger. Un schéma qui s’est répétée au Burkina Faso où la task force Sabre a été priée de quitter sa base de Kamboisin, à la périphérie de Ouagadougou. Les nouvelles autorités burkinabè ont fait le choix de vaincre le terrorisme avec « les forces locales », mettant l’accent sur le recrutement de volontaires pour la Défense de la patrie (VDP). Depuis, les actes de défiance se multiplient entre ces deux pays sahéliens et la France, sur fond d’accusations et de dénégations. Si au Mali, Moscou a profité de cette scène de couple pour renforcer sa coopération avec Bamako, la mayonnaise ne semble pas encore avoir pris. Pour certains observateurs, c’est juste une question de temps.
Ce basculement inquiète la France et expliquerait les manœuvres en cours au Sénégal et dans d’autres pays ouest africains où elle dispose encore d’entrées. Sans conteste, Les cas du Sénégal et de la Côte d’Ivoire préoccupent particulièrement Paris qui ne s’imagine pas perdre son influence dans ces deux pays. D’où les manœuvres rapportées par Le Monde et qui ne seraient pas du goût du pouvoir. Mais dans un monde où les États n’ont que des intérêts, l’attitude équilibriste de l’Hexagone dans le combat à mort entre Macky Sall et son principal opposant, Ousmane Sonko, ne devrait pas surprendre.