Y’a-t-il une ou des leçons à tirer des dernières législatives si ce n’est le divorce entre notre classe politique – majorité comme opposition – et la majorité de l’électorat. En effet les abstentionnistes s’imposent à l’issue du 31 Juillet comme le premier parti politique du pays.    
Malheureusement des analyses politiquement tendancieuses et souvent hâtives ne permettent pas de cerner les soubassements de ce phénomène très inquiétant pour notre jeune démocratie.  Peut être bien l’autorisation de sondages d’opinion aurait permis de prévenir cet état de fait. En tout état de cause,  le Sénégal est une démocratie  mature pour les instruments et outils qui  permettent une photographie fiable sans biais de la masse complexe des votants. Il est temps pour notre pays d’oser franchir ce grand pas.
Pour l’heure se pose dans l’urgence la formation d’un gouvernement pour remettre le pays au travail. La tâche est plutôt délicate pour le Président de la République, jamais dans notre petite histoire, la configuration de la prochaine législature n’a été aussi inédite avec une majorité relative pour la coalition présidentielle. Cette majorité qu’on peut qualifier de marginale met une fin définitive au vote mécanique en faveur du pouvoir en place. Un vote stable certes pour toute majorité mais pernicieux souvent même abusif. C’est le véritable gain du scrutin du 31 Juillet, aussi l’absentéisme parlementaire  même  s’en trouvera aboli de facto, dorénavant tous les votes sont précieux au sein de l’hémicycle.
 
La configuration de la 14eme législature  impose au pouvoir exécutif  un casting de gouvernement qui prend en compte la nouvelle donne parlementaire. Au-delà, le futur gouvernement doit gérer des nouvelles urgences socio- économiques et même conjoncturelles avec les inondations qui remettent en questions tous les aménagements dans les principaux centres urbains du pays dont DAKAR .
L’option d’un gouvernement d’ouverture s’impose, en effet le Sénégal  ne peut plus projeter l’image d’un pays politiquement instable ou  institutionnellement vulnérable. Il faut absolument un consensus minimal  sur des portefeuilles stratégiques dans le prochain gouvernement  et mettre en avant des personnalités politiques et même non politiques respectables auprès des nouveaux députés.  Le Président de la République garant des institutions peut piocher au-delà de sa majorité étriquée,  il y’a la société civile, la diaspora, le secteur privé et même l’opposition parlementaire qui  offrent des profils très intéressants.
Le calendrier électoral affecte la productivité globale de notre pays,  la réponse tardive dans la préparation de l’hivernage que nous vivons  a permis aux records de précipitations d’immerger une bonne partie des centres urbains et périurbains. Donc par respect aux populations impactées alors que l’hivernage ne fait que commencer il faut rationaliser les dépenses avec une équipe  resserrée qui doit commencer le combat contre l’inflation sur les denrées, mieux coordonner la présente campagne agricole et soulager les victimes des inondations. Un gouvernement de trente- cinq ministres serait l’idéal.  Nos faibles taux de  croissance depuis la survenue la covid n’autorisent  même plus des gouvernements pléthoriques. Le slogan sur une gestion sobre prend tout son sens.
Enfin il est fondamental et urgent de recentrer l’action du gouvernement autour des urgences de l’heure qui sont la lutte contre la vie chère, l’emploi et l’insertion des jeunes,  l’éducation et la santé des populations, le logement décent, et une vraie politique de restructuration urbaine en réponse aux inondations que nous vivons à travers le pays. Les votants et non-votants ont envoyé un message fort le 31 Juillet, ne ratons pas l’occasion de le décrypter pour la survie de notre nation et de sa démocratie.  
 
                                                       Moustapha DIAKHATE                                                                                    
                                                                                                                              Expert en infrastructures
                                                           Ex Conseiller Spécial PM 
                                                           Ex Conseiller Spécial Présidente Cese