A quelques jours de la nouvelle année, coup de projecteur sur l’actualité qui a le plus marqué 2021. Xibaaru poursuit sa série de rétrospectives qui ont marqué cette année. Après les pires ministres et les politiciens les plus malchanceux, la rédaction revient sur un autre fait qui a marqué l’année 2021. Aujourd’hui focus sur les gros scandales qui ont éclaboussés de hautes autorités du pays.
Boughazelli…le faussaire intouchable
Les sénégalais n’oublieront pas de sitôt l’année 2021. Beaucoup de scandales ont marqué cette année qui se terminera dans 5 jours. Et celui de l’ancien député de la coalition Benno Bokk Yakaar occupe le haut du podium. Seydina Fall alias Boughazelli a bafoué tous les fondements sacro-saints de la République en étant mouillé jusqu’au cou dans une affaire de faux billets.
Nous sommes le 22 novembre 2019, Boughazelli est détenu à la Maison d’arrêt et de correction de Rebeuss pour, entre autres, association de malfaiteurs et trafic de faux billets. Après deux refus de lui accorder la liberté provisoire, l’ancien député, dont l’état de santé était précaire, avait été libéré en juin 2020. Et cette affaire était loin d’avoir livré tous ses secrets.
« Jusqu’à l’extinction du ciel, personne ne pourra démontrer ma culpabilité dans cette affaire », se glorifiait Boughazelli. Mais en 2021, la vidéo de son arrestation a fuité. Et là les sénégalais ont découvert que tout ce qu’il a dit n’était que mensonge. On y voit l’ex parlementaire essayé de monnayer sa liberté. Il a même proposé de l’argent aux gendarmes venus l’arrêter. « Wooy Yakouna (je suis foutu) », disait-il après son arrestation. Comme quoi c’était toute sa vie qui s’effondrait d’un seul coup.
Malgré toutes ces preuves flagrantes, Seydina Fall se pavane toujours en toute liberté. Il avait même projeté de se présenter pour les élections de 2022 avant de se désister.
Ousmane Sonko…le député qui s’est noyé dans le jacuzzi du « Sweet Beauty »
L’affaire de viol dans le salon « Sweet Beauty » était loin d’être une séance de relaxation. Le député Ousmane Sonko a été accusé de viols par la jeune masseuse Adji Sarr. Une première dans toute l’histoire politique du Sénégal. Ladite affaire a montré une autre facette du leader du Parti des Patriotes du Sénégal, pour le Travail, l’Ethique et la Fraternité (Pastef) qui incarnait la « droiture » aux yeux de beaucoup de ses inconditionnels.
Les conséquences de ce viol ne se sont pas uniquement limitées au salon « Sweet Beauty ». Elle a été la cause de violentes manifestations après que Sonko ait demandé aux jeunes de descendre dans les rues. Quatorze (14) jeunes y ont perdu la vie. Ce viol et les émeutes qui l’ont suivi ont, d’ailleurs, fait perdre beaucoup de points à Sonko dans l’estime des sénégalais. Avec tout cela, la justice n’a toujours pas tranché le débat.
2021…l’année des trafiquants de Passeports
Les scandales des passeports ont bouclé l’année 2021. Les rappeurs Kilifeu et Simon ont été les premiers à être incarcérés pour trafic de passeports, le 15 septembre 2021 pour ces faits. N’ayant pas fini d’épiloguer cette affaire qui remonte au 30 juillet, ce sont des députés de la majorité présidentielle (Benno Bokk Yakaar) qui s’illustrent aussi sur cette voie.
Le 6 septembre 2021, la Division des investigations criminelles (DIC) effectue une perquisition au domicile d’El Hadji Condé à Guédiawaye. L’homme est originaire de Kédougou, une ville proche de celle de l’autre député incriminé dans cette affaire, Boubacar Biaye. L’opération policière dévoile un trafic de vaste envergure portant sur huit passeports diplomatiques établis au nom des deux députés de la majorité présidentielle : El Hadji Mamadou Sall et Boubacar Biaye.
La DIC met également la main sur quatorze certificats de mariage portant les noms des deux hommes, neuf autorisations parentales, sept contrats de travail, vingt photocopies de cartes nationales d’identité, sept relevés de comptes issus de la CBAO et deux estampillés Ecobank, dix-neuf extraits de naissance portant les cachets des centres d’état-civil de Médina Gounass, Kédougou et Pikine, ou encore treize relevés d’indemnités parlementaires.
L’enquête révèle par ailleurs que 31 faux mariages ont été célébrés pour justifier l’attribution de passeports diplomatiques à de présumées épouses des parlementaires cités, lesquels divorçaient quand ils avaient atteint la limite légale de quatre mariages autorisés par le régime matrimonial sénégalais, avant de se remarier à nouveau sur le papier. Après la levée de leurs immunités parlementaires, El Hadji Mamadou Sall sera envoyé en prison le 21 décembre 2021.
Mais ce trafic a pris ses racines au fin fond du ministère des Affaires étrangères. Dans cette enquête sur le trafic présumé de passeports diplomatiques qui éclabousse les deux députés de la coalition présidentielle, Benno Bokk Yakaar (BBY), deux agents dudit ministère ont été cueillis par la Division des investigations criminelles (DIC).
«Jusqu’à preuve du contraire, je suis sûre que les services de mon Département ministériel n’ont rien à se reprocher», déclarait le ministre Aissata Tall Sall dans des propos rapportés par le quotidien L’Observateur. Mais l’enquête a prouvé le contraire. Et l’agent de son ministère incriminé dans cette affaire est passé aux aveux sans omettre le plus petit détail. Un gros scandale qui n’a pas fait chuter le ministre des Affaires étrangères.
2021 ne sera pas oublié de sitôt par les sénégalais. Les scandales qui ont gangrené cette année le monde politique et la société civile seront une page noire dans l’histoire de notre pays.
Aliou Niakaar Ngom pour Xibaaru