Le nouvel homme fort de l’Armée sénégalaise Cheikh Wade, est depuis le 30 mars 2021, le Chef d’état-major général des armées. Précédemment sous-chef d’état-major des Armées, son parcours remarquable démontre aisément que l’homme a le profil de l’emploi.
LE GENERAL CHEIKH WADE, CHEF D’ETAT MAJOR GENERAL DES ARMEES- MILITAIRE DANS L’AME, HUMANISTE DANS L’ETRE SPORTIF PAR PASSION
Sa nomination à cette prestigieuse station survient dans un contexte marqué par la montée du djihadisme et autres forces occultes, dans plusieurs pays de la sous-région. Le Sénégal est jusqu’ici épargné par ce péril grâce au professionnalisme de son armée, connue pour son expertise reconnue sur tous les théâtres d’opération. Ainsi, il revient au Général de corps d’Armée Cheikh Wade, de veiller sur cet héritage
Si le Lycée Malick Sy de Thiès a vu passer de brillants élèves, par ailleurs talentueux footballeurs de la trempe de Cheikh Fam, Lamine Ndiaye, Félix Gomis, Abdoulaye Diop ex MEF, Mamadou Chérif Thiam, Paul Ndong, Ousseynou Bâ, feus les frères jumeaux Doudou et Khalifa Kane, les frères Rassoul et Ousmane Diallo, Oumar Ndoye dit Papis, Abdoulaye Kane, Badou Ndoye, Moustapha Dimé Sylla, Alboury Lakh, entre autres, il est permis d’affirmer avec force que le Général Cheikh Wade était de ce cénacle.
Le Général de corps d’Armée Cheikh Wade a vu le jour à Mékhé le 22 mars 1963. Le CEMGA est un authentique fils du Cayor, terre de bravoure, de noblesse et de refus.
Son père, l’honorable Baye Mor Wade, qui fut un commerçant connu à Mékhé, un exemple de générosité et de droiture morale est le fils de Saliou Wade et de la dame de vertu Maty Baba Fall, fille aînée de Bouna Ma Asta Fall, issue de la famille princière du Cayor dont les origines remontent directement à Amary Ngoné Sobel Fall, 2e Damel du Cayor.
Le général Cheikh Wade a hérité des valeurs fortes de son pater : L’éthique et la mystique du travail bien fait. Sa chance est d’être d’une famille exemplaire pour qui le culte de la morale n’est pas négociable.
Sa mère Sokhna Khady Samb est une femme généreuse et attentionnée. Pour l’histoire, elle est la fille de Sokhna Maïmouna Samb, originaire de Mérina Ndiol dans le Cayor. Le jour de son installation comme Chef d’état-major général des armées, ces propos tenus au quartier Dial Diop continuent de résonner. « Ce moment unique est également pour moi l’occasion de réitérer mon infinie reconnaissance à mes braves parents, éducateurs infatigables, protecteurs attentifs et attentionnés, dont les prières et bénédictions me procurent sérénité et assurance, en toute circonstance. Je prie le Tout-Puissant de les garder le plus longtemps possible à nos côtés et en très bonne santé».
Selon sa mère, rencontrée au domicile familial, situé au quartier « Ndiop » à Mékhé, son fils aîné Cheikh Wade, homonyme de Cheikh Fall Bayou Goor, petit-fils de Mame Cheikh Ibrahima Fall, connu pour son éducation exemplaire, n’a jamais dévié de sa trajectoire, ni emprunté les chemins de traverse durant son enfance et sa jeunesse. Issu d’une fratrie de six bouts de Dieu dont un frère et quatre sœurs et plusieurs autres demi-frères et sœurs, Cheikh Wade, un jeune grand-père, veille sur l’équilibre et le bien-être de la famille. L’honorable Oustaz Diagne, son maître coranique garde de lui de merveilleux souvenirs.
Cheikh Wade a effectué tout son cycle élémentaire à l’école « Mékhé 2 » devenue aujourd’hui « Ndiawar Ndiaye ». Dès la classe de Cm1, son maître, Mandoumbé Dieng, un brillant instituteur, avait pris l’initiative de le présenter comme candidat libre à l’examen du certificat d’études primaires et élémentaires. Il décrocha avec brio ce premier diplôme. L’année suivante, il réussira au concours d’entrée en 6e. Son ami Mame Boye Aïdara, entre autres élèves brillants, fut l’un de ses condisciples.
Orienté au Lycée Malick Sy de Thiès où il obtiendra son Dfem puis son Baccalauréat série C, Cheikh Wade a toujours été passionné par les études malgré sa grande passion pour le football. Ses amis internes, qu’il a côtoyés par l’entremise de Mbakhane Sylla, en l’occurrence, le Général Moussa Fall de la Gendarmerie, Oumar Ben Khatab Guèye, Moussa Mbaye assureur, Seydou Cissé, ingénieur agronome, Malick Ndiaye, DG de la Banque Agricole, Professeur Bado Ndoye du Département Philo de l’UCAD peuvent témoigner qu’il fut un brillant élève et un excellent footballeur. A Thiès, Cheikh Wade résidait au quartier « Som » en face du lycée Malick Sy, chez sa grand-mère Adja Yaa Diène Ndoye, une dame au grand cœur, épouse de feu Ousseynou Seck, figure emblématique de l’Orts, au lendemain de l’accession de notre pays à la souveraineté internationale.
Dans son fief natal, ses qualités de footballeur accompli étaient reconnues par tous les férus du ballon rond. Il aurait pu devenir un footballeur professionnel. Son ancien coéquipier Souleymane Dieng en est convaincu : « A l’école primaire déjà, nous avions formé une grande équipe qui avait raflé plusieurs trophées dans les compétitions interclasses. Déjà au Football, Cheikh Wade défendait ; il était notre défenseur central. Son intelligence de jeu dépassait son âge. Même ses adversaires le respectaient sur le terrain, tellement il était irréprochable.
Nous avions réussi à garder l’ossature du groupe qui deviendra plus tard l’ASC « Caadagui », l’équipe du quartier de « Ndiop ». Cette formation sportive a marqué l’histoire des navétanes à Mékhé, la ville de l’ancien Président de l’assemblée nationale Abdoul Aziz Ndao, un sportif de cœur et d’esprit. N’eussent-été les études qui prenaient l’essentiel de son temps, il serait devenu footballeur professionnel qui défendrait les couleurs de la Nation». L’un des sociétaires de l’équipe fanion de la ville, Adama Niang qui formait avec l’actuel Cemga, la paire de défense de l’Asc « Caadagui », garde encore intacts de bons souvenirs de son coéquipier toujours généreux dans l’effort.
Le virus de l’armée qui coule dans son sang, le Général Cheikh Wade l’a chopé lors d’une matinée de la célébration de la fête de l’indépendance du 4 avril 1979. Elève en classe de 3ème, il assiste au mémorable défilé avec une bande d’amis. Devant le défilé impeccable des hommes de tenue, le jeune lycéen, séduit par la prestation des troupes, tombe sous le charme de l’uniforme militaire. A la fin du défilé, il commença à caresser le rêve de devenir militaire. Et depuis cette fameuse date, il s’est toujours intéressé à l’’armée.
Ses congénères de tous les cycles l’ont unanimement décrit comme d’abord un élève modèle, intelligent, correct, discipliné, brillant et ensuite un homme entier, altruiste qui a toujours aimé faire face aux défis.
Après l’obtention de son Bac en 1982 et un certificat préparatoire décroché à la faculté des sciences, de l’université de Dakar en 1983, Cheikh Wade qui n’avait pas renoncé à son ambition de revêtir l’uniforme militaire, réussit au concours et intègre l’Académie royale de Meknès au Maroc et en sort, au bout de 3 ans de formation, avec le titre d’Officier. Rentré au bercail, le jeune officier sera affecté à Thiès, après un stage de commando en 1989 en France, des cours de capitaine d’infanterie aux Etats-Unis et des cours d’Etat-major au Ghana. Il effectue de nombreuses missions au Koweït, en Irak et au Libéria. Il n’a jamais renoncé à son désir de poursuivre ses études. C’est ainsi qu’il décroche tour à tour de prestigieux diplômes : diplôme d’application chef de section infanterie, brevet des techniciens commandos, diplôme de cours de capitaine infanterie, diplôme d’aptitude au grade d’officier supérieur, brevet de l’enseignement supérieur de défense, option Stratégie et géopolitique, etc. Ce militaire dans l’âme qui a gravi tous les échelons dans l’armée, grade après grade, a été chef de section au bataillon de commandos de Thiès de 1987 à 1993, puis commandant d’unité de la 2e compagnie du bataillon des commandos de 1993 à 1996, commandant de la zone militaire 5 (2013-2015), en Casamance.
Ce territoire, fief de la rébellion depuis les années 1980, va lui ravir son meilleur ami, Gormack Niang. Cet officier, à la tête de la 3e Compagnie commando, a été abattu, le 22 novembre 1995 à l’entrée du camp rebelle de Sikoun. Il est tombé en digne officier, les armes à la main. Cheikh Wade a durement ressenti ce drame, et est resté toujours affecté par la mort de son ami qui venait régulièrement à Mékhé pour y passer ses vacances à ses côtés. Pour les missions à l’extérieur, le général cheikh Wade a été sur le théâtre des opérations en Somalie et en Gambie lors de l’opération « Restore Democracy » au début de l’année 2017.
Le général de corps d’Armée, Cheikh Wade, marié et père de cinq enfants dont les deux premiers sont à l’étranger, et les trois derniers dont deux étudiants et une lycéenne sont au Sénégal, mène une vie tranquille auprès de sa distinguée épouse Khady Diagne. « … J’associe, enfin, à ces remerciements, ma très chère et digne épouse, un modèle de solidarité, de résilience et de fidélité, dans les moments de joie comme de peine, sans oublier mes adorables enfants et petits-enfants », disait-il lors de son installation comme CEMGA.
Affable et courtois, d’une simplicité remarquable, il très attaché à l’amitié. Son ami intime Lamine Djitté, frère cadet de Diangana Djitté, reste formel. Selon ses proches, l’homme est pieux et n’aime pas l’ostentation. C’est pourquoi, il relativise tout et fonctionne avec un équilibre et une foi qui le galvanisent et le portent de l’avant, aidé en cela par une épouse modeste, dévouée et effacée.
Eloigné du tapage médiatique durant tout son parcours et préférant s’illustrer par les actes, il n’est véritablement à l’aise que dans le cadre de la mission qui lui a été assignée et dans son intimité familiale. Son regard calme et serein rend compte de sa nature mesurée et réfléchie. Il n’est pas prolixe, et tout en lui renvoie à l’humilité. L’expression avenante de son visage, souvent souriant et qui dégage une paisible bienveillance, une pureté de cœur et une civilité exquise, invite au premier contact, la confiance avec une sérénité rassurante.
Homme modeste, foncièrement effacé, Cheikh Wade est un être affable, courtois et simple. Le regard doux mais perçant qu’il fixe sur vous est à la fois expressif d’une fine intelligence que le port de lunettes qui protège ses yeux édifie quant à son appartenance à l’intelligentsia. Son secret c’est son hygiène de vie et sa foi en Dieu. Un homme de terrain sur le terrain qui rayonne d’une humilité feutrée. Son esprit vif, alerte et fertile lui permet de relever tous les défis. Son allure altière s’accommode parfaitement à l’esprit d’innovation qui l’anime. Un brillant sujet. Un sujet taillé dans du bois rare
Avec une volonté de fer et un moral d’acier, Cheikh Wade entend assumer avec responsabilité ses charges de CEMGA en restant imperturbable dans son choix, qu’il résume en ces termes : regarder droit devant soi et avancer d’un pas ferme, sans écraser qui que ce soit, pas même une mouche et accomplir ses devoirs sans réserve.
Sur le plan culinaire, il raffole de couscous, son plat préféré, que sa douce moitié, un véritable cordon bleu sait préparer merveilleusement bien. Sportif de cœur et d’esprit, sa passion pour le football qu’il aime pratiquer et regarder à la télévision est connue de tous ses proches. Patron des armées sénégalaises, il nourrit de grandes ambitions pour l’ASFA qui a révélé les Mamadou Samassa, Ibrahima Coulibaly, Oumar Diop, Yamagor Seck, Babacar Samb, Gorgui Ndiaye et Iba Diop entre autres internationaux de football.
Lors de son installation, le CEMGA affirmait avec force que : «l’entrainement physique militaire et sportif sera totalement redynamisé, car constituant le pilier central de l’efficacité opérationnelle sur le terrain. Des infrastructures sportives de proximité seront érigées dans les différentes zones militaires pour y favoriser sa pratique dans les meilleures conditions de performances individuelles et collectives». Voilà un chantier clairement planifié.
L’homme ne craint pas les challenges, son esprit d’organisation, de rigueur, de planification et le pragmatisme dont il fait preuve lui sont de grands atouts auxquels s’ajoute à ses côtés une équipe compétente et chevronnée. A l’occasion de l’édition 2020 de la Journée des Forces Armées, Son Excellence Macky Sall, Président de la République, rappelait que « la vocation essentielle de l’armée, ce qui fait son honneur et sa fierté, c’est sa mission régalienne de défense de l’intégrité du territoire national et de protection des populations et de leurs biens ».
Le général de corps d’armée Cheikh Wade, préside aujourd’hui aux destinées des armées sénégalaises. Une lourde, exaltante et prestigieuse charge, au bénéfice de notre cher pays, le Sénégal et de ses valeureuses armées. Un challenge, un défi qu’il compte relever avec brio, compétence, abnégation et rigueur.
Abdoulaye Fofana SECK (Journaliste)